Marmotte en furie

Vous ne seriez pas très fiers de moi si vous saviez quelles paroles me sont passées par la tête. Pour vous donner une idée, j'avais envie de lui arracher le front... ok, la chemise, c'est plus poli...

Grosse nouvelle : je suis orgueilleuse. Je déteste avoir l'air folle. Et la bêtise humaine me fait sortir de mes gonds. J'étais tellement frustrée, j'en tremblais, et en même temps, j'ai bien failli me rouler en boule sur l'asphalte en pleurant... J'ai même eu envie de lui dire : "Prends mon char, je te le donne, moi je m'en vais à pied..."

Je devais me rendre à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont aujourd'hui pour aller chercher une prescription de médicaments pour la douleur. Habituellement, mon infirmière l'envoie par télécopie à mon pharmacien, mais comme il s'agit de narcotiques, je devais me rendre sur place.

Le stationnement de Maisonneuve est merdique. Il coûte cher et plusieurs rangées ne laissent passer qu'un seul véhicule à la fois, ce qui implique que les conducteurs doivent jouer à "je recule pour te laisser avancer, recule donc pour me laisser passer". Par contre, si vous êtes assez rapides et que vous ressortez en deçà de 15 minutes, vous n'avez rien à payer.

J'étais stationnée dans la dernière rangée et j'ai jasé un peu avec mon infirmière. J'étais donc certaine d'avoir dépassé le temps alloué. J'ai attendu que les deux personnes devant moi fassent leur paiement au guichet automatique du stationnement et j'ai inséré mon billet.

"Il vous reste 2 minutes" que l'écran m'a dit. Impossible de payer. Deux minutes, c'est bien peu, mais je me suis dit que le préposé à la sortie me laisserait passer. J'ai fait de la marche rapide jusqu'à ma voiture, je me suis empressée de reculer (avec mon colimaçon un peu lent) et c'est là que ça s'est gâté...

J'ai dû laisser passer une dame. J'ai dû reculer (avec mon colimaçon) pour reprendre la bonne rangée et j'ai dû attendre qu'un monsieur qui s'était engagé au mauvais endroit recule. Je suis finalement arrivée à la sortie. La barrière automatique a refusé de me laisser passer et je me suis donc présentée (toujours au volant de ma voiture) à la petite cabane contenant le préposé. J'ai donné mon billet au ti-monsieur : 

- Ça fait trois dollars qu'il m'a dit". À cette étape, j'étais encore aimable.

- J'ai voulu payer au guichet tantôt, mais je ne pouvais pas, que je lui ai répondu.

- Il vous restait combien de temps, Madame?

- Deux minutes, Monsieur.

- Deux minutes, c'est suffisant pour aller à votre voiture et arriver à la sortie, Madame. Ça fait trois dollars.

- Le stationnement est plein, j'ai dû reculer à deux reprises pour laisser passer des gens.

- Ça fait trois dollars Madame (et il prend un air buté).

- Oui, mais, je n'ai pas d'argent sur moi et je voulais payer, mais la machine ne voulais pas. J'étais certaine d'avoir le temps de me rendre. J'ai sûrement dépassé le temps de une minute tout au plus!!!

- Ça fait trois dollars, Madame.

Là, là, la moutarde était dans mon nez et j'étais tellement énervée que je n'entendais plus ce qu'il me disait. J'étais en sueurs. Et pour couronner le tout, j'ai jeté un oeil dans mon rétroviseur : cinq voitures patientaient derrière moi. Patienter est un grand mot puisque c'est à ce moment que je me suis fait klaxonner. J’ai horreur de me faire klaxonner, ça m’angoisse.

Et c'est là que j'ai compris ce que le Bonhomme voulait... Il est impossible de payer par carte à la sortie et on doit le faire au guichet situé un peu plus loin. À cette étape, mon cerveau affolé ne réfléchissait plus et je me suis mise sur la renverse en lui criant : "Où-cé que vous voulez que je mette mon char, je ne peux même pas reculer, il y a plein de gens derrière moi..."

"Laissez-le ici et allez payer au guichet, Madame". J'étais certaine que si je sortais de mon auto, les gens derrière sortiraient à leur tour pour me lancer des tomates... Je lui ai demandé s'il pouvait me laisser passer la barrière, question de laisser passer les gens derrière, et je lui ai promis d'aller payer. Promis, promis.

  

"Non Madame, allez payer au guichet." J'ai jeté un oeil au fameux guichet : six personnes attendaient... J'ai pris mon courage à deux mains et j'ai essayé de sortir de mon auto. Impossible, j'étais trop près de l’estifi de cabane... Je ne maîtrise pas encore la transmission de ma Prius et j'ai mis quelques longues secondes avant d'arriver à avancer suffisamment pour réussir à sortir.

J'ai couru jusqu'au guichet et j'ai demandé, la panique dans la voix, aux gens présents si je pouvais passer devant eux. Je devais avoir l'air désespérée puisqu'ils ont tous acquiescé. J'ai finalement réussi à payer et c'est avec colère que j'ai remis mon ostifi de billet au tabarouette de monsieur. Il l'a refusé!!!

"Passez-le vous même dans la machine" qu'il m'a dit. Ok, là je vous le dis, j'avais envie de le lui faire avaler.

Et puis, oh miracle, la barrière s'est levée... Mais ce n'en était pas terminé pour autant. J'étais tellement paniquée que ça m'a pris au moins une minute avant de réussir à démarrer mon auto. Je vous rappelle que la Prius ne démarre pas avec une clé... J'étais emmiellée dans mes boutons...

 J'ai bien cru que j'allais me décomposer, mais finalement, j'ai survécu sans que personne ne m'arrache la tête et j'ai pris le chemin du retour vers la maison. Je me suis calmée tranquillement au fil des kilomètres et, une fois mon esprit apaisé, j'ai emprunté la sortie pour quitter l'autoroute.

Ah!!!!!!!!!!!!!! Et c'est là qu'une marmotte insouciante a traversé le chemin sans crier gare... Elle a eu la vie sauve (contrairement à la moufette qui gisait sur l'accotement) et c'est alors que je me suis passée à réflexion suivante : dire que ma journée ne fait que commencer...